Correspondances ❘ Asdine à Bernard ❘ 12/39

Bonjour Bernard,
c'est Asdine.
Ça nous a touchés de savoir que tu n'avais pas eu le métier que tu voulais.
Nous, on a de la chance par ce que les choses ont changé.
Avec l'école et les stages, je pense que nous pourrons avoir le métier que nous voulons et au fait qu'elle aurait été le travail que tu aurais aimé avoir ?
Quand je touche le papier de vos lettres, ce n'est pas comme le plastique du téléphone.
Si, par exemple, je suis en Allemagne, j'écris à ma mère sur mon téléphone que je vais bien, mais que c'est pas vrai, ma mère, elle se rend pas compte.
Si j'écris sur un papier, elle verra que quelque chose ne va pas.
Surtout écrire avec la plume, ça ne fait pas ça à ton époque.
On a déjà visité un vieux village reconstitué style mille neuf cents.
Il y avait des salles de classe ancienne.
A cette époque, il y avait plein de choses intéressantes, mais les punitions étaient très sévères.
On m'a mis le bonnet d'âne.
Et puis le guide nous a montré une autre punition où il fallait porter des livres à bout de bras.
Et si on en laissait tomber un en prenant un coup de règle quelque part peut-être, ces punitions étaient plus efficaces, mais en même temps, c'était humiliant.
Les gens harcelés par les autres élèves pouvaient se faire harceler aussi par le prof.
Moi je n'aurais pas aimé me faire battre par un professeur.
Heureusement, ça a changé.
Moi je t'imagine musclé, beau gosse, jean, sweet, capuche, petite casquette desfois, mais je me rappelle que tu as dit que tu étais à la retraite donc tu dois avoir cinquante-neuf ans.
Si je pouvais m'écrire à mon moi de cinquante-neuf ans, je lui dirais : Asdine, t'es gentil, t'es beau et joyeux et tu aimes trop la pâtisserie.
J'espère que tu ne lâcheras pas ça.
Pour finir, Bernard, je profite de cette lettre pour te dire que l'on peut faire confiance et que je t'aime trop.
Je te souhaite de protéger ta santé et ta famille, qu'il ne t'arrive rien du tout et que tout aille bien pour toi et tes proches.
Au revoir,
Asdine

Correspondance entre des collegien·nes de Vandoeuvre (54) et des adultes de Forbach (57). 2020-2021.
En partenariat avec le CCAM (Scène Nationale de Vandoeuvre), le Carreau (Scène Nationale de Forbach), le collège Simone de Beauvoir, le conseil départemental de Meurthe et Moselle.