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LE CERTIFICAT D'ÉTUDES :
Bonjour, Nous sommes les élèves de troisième du collège Joliot Curie à Tucquegnieux.
On travaille avec la compagnie La Bande Passante sur le projet qui s'appelle "Il était une fois dans l'Est".
Et on voudrait savoir : c'était quoi avoir quatorze ans ici ?
Comment vous appelez vous ?
Je m'appelle Rog Stéphane.
En quelle année êtes-vous né ?
Je suis né en mille neuf cent quarante et un.
Où étiez-vous à l'école ?
Les enfants, on allait à l'école, on était... on n'avait pas assez de classe à l'école, on avait des classes dans les bâtiments de la mine en face. Il y avait, en mille neuf cent trente, il y avait mille deux cents enfants à Bouligny.
Les gars, les copains de toute la rue, ils allaient à l'école. Moi, je suis sorti de la maison, et j'étais avec eux à l'école.
Mon père, il m'avait fait un sac d'école avec de la toile américaine, des tentes, il y avait la base à Rouvres.
Bon, moi je suis rentré en... quarante-huit, en quarante-huit.
Il y avait un Français dans la classe, y avait vingt-neuf immigrés. Il y avait un Français, un gars du cru.
On avait les tables en chêne encore, les tables avec l’encrier, on était à deux. On était de corvée pour mettre l'encre dans les encriers en porcelaine, en verser.
Alors on avait le stylo à plume. C'était une plume sergent, ça existe encore.
On n'a pas redoublé, on a été jusqu'au certificat d'études, à quatorze ans.
Et à Bouligny, toujours au certificat d'études, on avait toujours un garçon mineur, premier du canton de Spincourt. Et les filles premières du canton.
Tous les ans, on avait tous des tabliers gris, on était pauvres mais on était propres, on n'était pas... on n'avait pas le choix. Les parents, ils avaient pas le sous pour poursuivre les études après.
Après l'école, les enfants des porions, ceux qui avaient des sous, ils allaient au lycée à Verdun.
Donc il y en a qui sont sortis institutrice, ingénieur, des filles, des enfants de la mine, ingénieur, docteur... mais nous on n'avait pas de sous pour aller, alors on a été a la mine.
On allait au centre d'apprentissage, on avait combien, il y avait trois kilomètres.
On venait à midi pour manger puis à deux heures...
Et après la dernière année du centre d'apprentissage, on allait, on allait au quartier école à la Mourière, à quatre kilomètres. On s'habillait dans les douches de la mine à Bouligny. On prenait le vélo avec les lampes à carbure dans un sac, on allait par la route à la mine à la Mourière.
Quand il faisait beau, ça va. Quand il y avait de la neige, c'était pas déblayé.
Bonjour, Nous sommes les élèves de troisième du collège Joliot Curie à Tucquegnieux.
On travaille avec la compagnie La Bande Passante sur le projet qui s'appelle "Il était une fois dans l'Est".
Et on voudrait savoir : c'était quoi avoir quatorze ans ici ?
Comment vous appelez vous ?
Je m'appelle Rog Stéphane.
En quelle année êtes-vous né ?
Je suis né en mille neuf cent quarante et un.
Où étiez-vous à l'école ?
Les enfants, on allait à l'école, on était... on n'avait pas assez de classe à l'école, on avait des classes dans les bâtiments de la mine en face. Il y avait, en mille neuf cent trente, il y avait mille deux cents enfants à Bouligny.
Les gars, les copains de toute la rue, ils allaient à l'école. Moi, je suis sorti de la maison, et j'étais avec eux à l'école.
Mon père, il m'avait fait un sac d'école avec de la toile américaine, des tentes, il y avait la base à Rouvres.
Bon, moi je suis rentré en... quarante-huit, en quarante-huit.
Il y avait un Français dans la classe, y avait vingt-neuf immigrés. Il y avait un Français, un gars du cru.
On avait les tables en chêne encore, les tables avec l’encrier, on était à deux. On était de corvée pour mettre l'encre dans les encriers en porcelaine, en verser.
Alors on avait le stylo à plume. C'était une plume sergent, ça existe encore.
On n'a pas redoublé, on a été jusqu'au certificat d'études, à quatorze ans.
Et à Bouligny, toujours au certificat d'études, on avait toujours un garçon mineur, premier du canton de Spincourt. Et les filles premières du canton.
Tous les ans, on avait tous des tabliers gris, on était pauvres mais on était propres, on n'était pas... on n'avait pas le choix. Les parents, ils avaient pas le sous pour poursuivre les études après.
Après l'école, les enfants des porions, ceux qui avaient des sous, ils allaient au lycée à Verdun.
Donc il y en a qui sont sortis institutrice, ingénieur, des filles, des enfants de la mine, ingénieur, docteur... mais nous on n'avait pas de sous pour aller, alors on a été a la mine.
On allait au centre d'apprentissage, on avait combien, il y avait trois kilomètres.
On venait à midi pour manger puis à deux heures...
Et après la dernière année du centre d'apprentissage, on allait, on allait au quartier école à la Mourière, à quatre kilomètres. On s'habillait dans les douches de la mine à Bouligny. On prenait le vélo avec les lampes à carbure dans un sac, on allait par la route à la mine à la Mourière.
Quand il faisait beau, ça va. Quand il y avait de la neige, c'était pas déblayé.
Il était une fois dans l'Est est un projet de collecte documentaire mené par la cie La Bande Passante et les élèves du Collège Joliot Curie de Tucquegnieux, avec le soutien de Scènes et Territoires en Lorraine, de la communauté de communes du Pays Haut, et du conseil départemental de Meurthe et Moselle. Interview : élèves de 3eme du collège de Tucquegnieux / Laurence Moletta. Montage-Mixage : Laurence Moletta. Dessin : Etienne Gendrin. Musique : Thomas Guiral.