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- Il disait des phrases directement liées à sa vie d’auteur, « je dois écrire ma conférence pour la semaine prochaine », « il faut que je réponde à mon éditeur », et je rêvais de pouvoir prononcer ces mots-là moi aussi. Il m’avait invité à venir avec lui à l’opéra un après-midi et j’étais bouleversé, je ne sais pas si c’était par la beauté de la musique ou parce que l’opéra me donnait l’impression d’être un bourgeois accompli, on ne peut sans doute pas distinguer les deux. Quelle image aurait pu être plus éloignée de mon père que celle de moi, là, assis à l’Opéra de Paris, à côté d’un auteur ? J’entrais à l’opéra et je pensais "Je n’aurais jamais dû entrer dans cette salle", je m’installais à la terrasse d’un café du Marais pour lire un ouvrage de Derrida ou Arendt et je pensais "Je n’aurais jamais dû être là, je n’aurais jamais dû savoir que ces auteurs existent". Être un bourgeois accompli(0)Texte
- 14 ans en Barétous 1 ❘ Jean-Claude(0)Vidéo
- 14 ans en Barétous 4 ❘ Chantal(0)Vidéo
- Il continue. Il décrit l’impossibilité de parler avec sa propre famille à cause de sa transformation et de son éloignement. Il raconte comment à vingt ans il est parti à Paris, la capitale, la grande ville où tout semblait possible, pour étudier la philosophie, et pour vivre plus librement qu’à Reims, sa ville natale. Il dit qu’à Paris il a commencé à écrire des livres, à s’inventer comme un intellectuel. Mon cœur se réveillait dans ma poitrine. Tout changeait autour de moi. Maintenant je comprenais ce que j’avais ressenti dès ses premières phrases : Pourquoi est-ce que je n’avais jamais fait comme lui ? Pourquoi est-ce que je n’étais pas comme lui ? Pourquoi est-ce que moi je n’étais jamais parti à Paris – comme lui ? Pourquoi est-ce que j’avais limité à ce point mon arrachement au passé ? Ses paroles propulsaient mon corps loin de la salle où j’étais assis et tout à coup j’étais loin des autres, loin d’Elena aussi, pour la première fois j’étais loin d’elle. Je l’écoutais, il parlait, je l’écoutais et je pensais soudain, je voudrais être comme lui, je voudrais être lui – pourquoi est-ce que je n’avais pas fui aussi loin ? Je ne savais plus ce que je ressentais, je l’enviais, il me fascinait et la seconde d’après mes sentiments se muaient en un mélange de jalousie et de colère, pourquoi est-ce qu’il a réussi alors que moi je suis là, bloqué dans cette petite ville de province, et que je n’ai presque jamais rien lu, que je n’ai rien écrit à part quelques scènes de théâtre minables sans aucune valeur plagiées sur ce qu’Elena écrit, pourquoi lui et pas moi – je voulais ne plus l’écouter, je voulais qu’il se taise, faites-le taire, pitié – je lui en voulais d’avoir ce que je n’avais pas, et puis mes émotions s’inversaient encore, elles s’inversaient et je pensais que je n’avais jamais admiré quelqu’un avec autant de force ; je me suis tourné vers Elena et j’ai vu son corps s’éloigner de moi. Je ne pouvais plus la toucher, je voulais l’appeler mais elle n’entendait pas. Quand le philosophe a terminé sa conférence – il s’appelait Didier Eribon, je ne le savais pas encoreJe voulais être comme lui(0)Texte
- Sur le chemin vers le théâtre, l’excitation monte, il se voit déjà avoir une nouvelle vie, ne plus fréquenter sa famille, rompre tous les liens avec eux et vivre dans une minuscule chambre sous les toits avec Elena. Il imagine une vie d’artiste partagée avec elle, les pièces de théâtre et les concerts de musique classique qu’il pourra voir gratuitement grâce à son travail, il s’imagine s’endormir dans sa minuscule chambre, sans famille, sans autre famille qu’Elena, et sans s’en rendre compte, il sourit. Il pense : Je donnerai tout pour avoir ce travail-là, je donnerai tout pour l’avoir. Il voudrait hurler Oui, pitié, je vous en prie, acceptez-moi, je ne suis pas comme les autres, il voudrait lui dire qu’elle est son seul espoir, que peut-être si elle ne l’accepte pas ce refus sera le point de départ de sa chute et que tout ce qu’il a fait jusque-là n’aura servi à rien, (...) que sans ce travail il devra devenir serveur dans un bar et que la pénibilité et la difficulté de ce travail lui causeront trop de fatigue et qu’à cause de la fatigue il ne réussira pas ces études et que sans diplôme il devra retourner dans le village et se faire embaucher à l’usine comme la plupart des hommes, ou essayer de survivre de petits boulots puisque l’usine est presque fermée, ou travailler aux caisses du supermarché comme sa cousine.Avoir une nouvelle vie(0)Texte
- Au lycée je découvre quelque chose dont je m'étais déjà douté, qui m'avait traversé l'esprit. Ici les garçons s'embrassent pour se dire bonjour, il ne se serrent pas la main, ils portent des sacs de cuir, ils ont des façons délicates, tous auraient pu être traités de pédés au collège. Et au début je me dis quand je les vois, je me dis, « mais quelle bande de pédales ». Au lycée je découvre(0)Texte
- Le Monde à l'Intérieur ❘ Sa Douleur ❘ 03/19(0)Audio
- J'ai du mal à l'admettre, mais demain bahut. Les boules. Je sens que je vais le croiser ! Je parle de V. Je l'aime pas, là. Pressé, nerveux, te fais sans arrêt chier, nous traite comme de la merde en classe. Avec sa face de con, il commence à emmerder tout le monde, en premier toutes les secondes (filles comprises). Puis les premières et terminales.Demain bahut : les boules(0)Texte
- Te souvenir des oublis(0)Texte
- Elle est pas pour toi m'a dit Clémence Mais quand je te vois je tombe en transe Quand je te regarde dans les yeux je sais que c'est toi que je veux Je t'aime. Mais je ne peux pas je ne veux pas il ne faut pas Pourtant je te croise tous les jours Et ca fait mal Mais quelle connerie l'amour Je me sens sale Quand rencontrerai-je sur l'âme sœur ? Cela fait trop longtemps que je l'attends Quand tu trouverais-je mon cœur ? Tu es là je le sens Je voudrais partir loin et oublier tout ça mais la réalité est là : je t'aime ! Je voudrais partir loin(0)Audio
- Douleur(0)Audio
- Refermez ce journal ! Ceci est mon journal intime et il est strictement interdit de le lire sauf exceptions : personnes autorisées. Ou si je suis morte d'un accident ou un truc comme ça… De toute façon si vous êtes en train de lire ce journal c'est que j'ai oublié de mettre un cadenas et que tout cela n'est qu'un incident alors… Stop ! Maman ! Pose ce journal immédiatement sinon je te fais manger ton poids en haricots verts. Je récapitule : si vous lisez ce journal c'est que j'ai oublié de mettre un cadenas alors poser le où il était Vous êtes autorisé à le lire seulement si je suis morte et seulement si je vous autorise à le lire. Refermez ce journal(0)Texte
- Le Monde à l'Intérieur ❘ Je crois que j'ai oublié ❘ 06/19(0)Audio
- Correspondances ❘ Sylvie à son amour d'adolescente ❘ 24/39(0)Vidéo
- Correspondances ❘ Nathalie à son amour d'adolescente ❘ 32/39(0)Vidéo
- Entre #10 : Un chagrin d'amour(0)Vidéo
- Elle me dit tu dis pas que je suis conne ! Elle me tire les cheveux super fort ! J'arrivais plus à bouger. Et elle me met par terre toujours en criant la même chose. Et là elle me prend par les cheveux elle me met un gros coup de genou dans le nez. Je suis partie en courant et seulement quand elle me voyait plus j'ai pleuré. C'est vraiment choquant et ça restera dans ma vie toute ma vie dans ma tête. J'arrivais plus à bouger(0)Texte
- Entre #1 : Comment savoir si vous avez quitté l'enfance(0)Vidéo
- Je suis complètement perdu. Je ne sais plus du tout ce que je fais de ma vie, je n'ai aucune idée de qui je suis. Je ne sais pas du tout ce que je ressens, je n'ai pas une seule idée de ce que je désire. Cela me fait peur et je suis complètement effrayé. Je ne supporte plus ma paresse, ma peur, mon indécision, ma douleur et toute cette colère que j'ai en moi. Tout ça n'a pas de sens, putain ! Je ne cesse de faire des listes mais je n'avance pas. Je n’avance plus ! Toute cette colère(0)Texte
- Chaque larme a une couleur(0)Image