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- Entre #4 : Une nouvelle amie(0)Vidéo
- Sur le chemin vers le théâtre, l’excitation monte, il se voit déjà avoir une nouvelle vie, ne plus fréquenter sa famille, rompre tous les liens avec eux et vivre dans une minuscule chambre sous les toits avec Elena. Il imagine une vie d’artiste partagée avec elle, les pièces de théâtre et les concerts de musique classique qu’il pourra voir gratuitement grâce à son travail, il s’imagine s’endormir dans sa minuscule chambre, sans famille, sans autre famille qu’Elena, et sans s’en rendre compte, il sourit. Il pense : Je donnerai tout pour avoir ce travail-là, je donnerai tout pour l’avoir. Il voudrait hurler Oui, pitié, je vous en prie, acceptez-moi, je ne suis pas comme les autres, il voudrait lui dire qu’elle est son seul espoir, que peut-être si elle ne l’accepte pas ce refus sera le point de départ de sa chute et que tout ce qu’il a fait jusque-là n’aura servi à rien, (...) que sans ce travail il devra devenir serveur dans un bar et que la pénibilité et la difficulté de ce travail lui causeront trop de fatigue et qu’à cause de la fatigue il ne réussira pas ces études et que sans diplôme il devra retourner dans le village et se faire embaucher à l’usine comme la plupart des hommes, ou essayer de survivre de petits boulots puisque l’usine est presque fermée, ou travailler aux caisses du supermarché comme sa cousine.Avoir une nouvelle vie(0)Texte
- J’ai rencontré Pierre. Il est venu me voir dans l’appartement du boulevard Carnot et nous avons fait l’amour. Je me souviens de chaque détail, le soleil dehors, la fenêtre ouverte et le souffle tiède de l’air qui entrait dans l’appartement, son apparition quand il a garé sa voiture, le bruit sec et brutal de la portière. Quand il est entré dans l’appartement et que je l’ai embrassé je pensais, J’embrasse un homme, la phrase se répercutait pendant que mes lèvres touchaient les siennes. Chaque parcelle de lui était un synonyme du mot Liberté, Liberté conquise contre toi, contre toute ma vie, Liberté la barbe sur son visage, Liberté les muscles sous le tissu de son tee-shirt, Liberté la pilosité de ses bras, Liberté son sexe qui se tendait sous la toile de son jean, Liberté contre ce que le monde avait voulu de moi.Chaque parcelle de lui(0)Texte
- Il continue. Il décrit l’impossibilité de parler avec sa propre famille à cause de sa transformation et de son éloignement. Il raconte comment à vingt ans il est parti à Paris, la capitale, la grande ville où tout semblait possible, pour étudier la philosophie, et pour vivre plus librement qu’à Reims, sa ville natale. Il dit qu’à Paris il a commencé à écrire des livres, à s’inventer comme un intellectuel. Mon cœur se réveillait dans ma poitrine. Tout changeait autour de moi. Maintenant je comprenais ce que j’avais ressenti dès ses premières phrases : Pourquoi est-ce que je n’avais jamais fait comme lui ? Pourquoi est-ce que je n’étais pas comme lui ? Pourquoi est-ce que moi je n’étais jamais parti à Paris – comme lui ? Pourquoi est-ce que j’avais limité à ce point mon arrachement au passé ? Ses paroles propulsaient mon corps loin de la salle où j’étais assis et tout à coup j’étais loin des autres, loin d’Elena aussi, pour la première fois j’étais loin d’elle. Je l’écoutais, il parlait, je l’écoutais et je pensais soudain, je voudrais être comme lui, je voudrais être lui – pourquoi est-ce que je n’avais pas fui aussi loin ? Je ne savais plus ce que je ressentais, je l’enviais, il me fascinait et la seconde d’après mes sentiments se muaient en un mélange de jalousie et de colère, pourquoi est-ce qu’il a réussi alors que moi je suis là, bloqué dans cette petite ville de province, et que je n’ai presque jamais rien lu, que je n’ai rien écrit à part quelques scènes de théâtre minables sans aucune valeur plagiées sur ce qu’Elena écrit, pourquoi lui et pas moi – je voulais ne plus l’écouter, je voulais qu’il se taise, faites-le taire, pitié – je lui en voulais d’avoir ce que je n’avais pas, et puis mes émotions s’inversaient encore, elles s’inversaient et je pensais que je n’avais jamais admiré quelqu’un avec autant de force ; je me suis tourné vers Elena et j’ai vu son corps s’éloigner de moi. Je ne pouvais plus la toucher, je voulais l’appeler mais elle n’entendait pas. Quand le philosophe a terminé sa conférence – il s’appelait Didier Eribon, je ne le savais pas encoreJe voulais être comme lui(0)Texte
- Au lycée je découvre quelque chose dont je m'étais déjà douté, qui m'avait traversé l'esprit. Ici les garçons s'embrassent pour se dire bonjour, il ne se serrent pas la main, ils portent des sacs de cuir, ils ont des façons délicates, tous auraient pu être traités de pédés au collège. Et au début je me dis quand je les vois, je me dis, « mais quelle bande de pédales ». Au lycée je découvre(0)Texte
- Quand je la retrouvais la semaine j’avais l’impression de voir la personne que j’avais été avant, comme si elle avait été une photographie de mon passé. Je luttais pour qu’elle adhère à ma transformation et pour qu’elle se transforme elle aussi, avec moi. Je lui parlais des livres que je lisais, je la poussais à les lire ; je la poussais à adopter mon nouveau mode de vie, je l’invitais à faire des brunchs avec moi, à s’habiller d’une autre manière, que j’imaginais plus parisienne. C’était comme si les images de mes débuts à Amiens s’inversaient, maintenant c’était moi qui tentais de la transformer, mais j’échouais. Je lui parlais de mes projets, de Paris et je lui demandais de venir vivre avec moi ; mais plus je changeais, plus elle me voyait changer, et plus elle se solidifiait et se crispait sur ce qu’elle était – c’est-à-dire ce que j’avais été. On se disputait, elle criait qu’elle méprisait les Parisiens et leur snobisme, et que si je continuais à devenir comme eux elle allait finir par me mépriser moi aussi. Elle détestait mon adhésion naïve et aveugle aux règles de la bourgeoisie. Elle criait pendant nos disputes qu’elle voulait lire pour le plaisir et pas pour accumuler des connaissances, comme je le faisais, pas pour accumuler du pouvoir ; elle qui m’avait offert les premiers livres de ma vie, qui m’avait emmené voir des films d’auteur au cinéma pour la première fois, elle disait maintenant que toutes ces choses-là la dégoûtaient, qu’elle ne voulait surtout pas devenir comme moi. Je m’acharnais quand même ; je voulais qu’elle connaisse Didier, je pensais qu’elle changerait peut-être d’avis si elle le connaissait, qu’elle voudrait venir vivre à Paris avec moi.Je m'acharnais quand même(0)Texte
- On a tous un ou plusieurs héros, des personnes qu'on veut suivre, imiter, à qui ressembler. Ça peut être notre père, une star, notre meilleure amie, un inconnu. Il nous permet de nous construire. J'aime pas le mot idole, je vais les appeler mes bases. Un ou plusieurs héros(0)Texte
- A. a trop cru que j'avais dégueulé sur elle. Sur le coup ça m'a rien fait. Et puis le dimanche, j'ai presque passé toute ma journée sur Facebook et sur le mur de A., elle parlait presque que de moi, du style qu'elle vivait trop mal, qu'elle était dégoûtée de moi, que je lui avais fait trop de mal après tout ce qu'elle avait fait pour moi. Je suis désolée, une meilleure amie, ça ne dit pas ça à sa meilleure amie. C'est là que je me suis rendu compte que je lui avais fait trop de mal après tout ce qu'elle avait fait pour moi ! Pour moi, elle a beaucoup changé, elle a fait plein d'efforts, elle est devenue ce que je voulais qu'elle soit. J'ai tout fait à l'envers.J'ai tout fait à l'envers(0)Texte
- Pas une amie à qui parler. C'est terrible j'ai une envie folle de papoter et je ne peux que t'écrire à toi cher journal intime. La télé c'est lourd, ça ne fait que livrer des images. Une personne, c'est vivant ça fait des réflexions, ça vit quoi. Et puis il y a toi entre les deux : je peux tout te dire mais toi, tu ne me dis rien. Mais toi, tu ne me dis rien(0)Texte
- Je me sens «dans » la liberté(0)Texte
- En ce moment je me renferme sur moi. Je reste toute seule, j'essaye de gérer mes moments de déprime ou, quand ça me reprend comme l'année dernière, les moments où je ne savais plus où j'en étais. Enfin ça me prend trop la tête. En ce moment je me dis que je suis qu'une merde, que je ne suis une amie de merde ! Je me renferme (0)Texte
- Correspondances ❘ Sam à Sylvie ❘ 25/39(0)Vidéo
- Entre #17: L'hésitation amoureuse(0)Vidéo
- Correspondances ❘ Claire et Leila à Nathalie ❘ 37/39(0)Vidéo
- Correspondances ❘ Sylvie à Sam ❘ 26/39(0)Vidéo
- Correspondances ❘ Mia à Bernard ❘ 09/39(0)Vidéo
- Entre #22 : Les mots des autres(0)Vidéo
- Entre #1 : Comment savoir si vous avez quitté l'enfance(0)Vidéo
- Correspondances ❘ Célestine et Bachir à Michelle ❘ 05/39(0)Vidéo
- Entre #21 : La disparition(0)Vidéo