Les beaux-endroits c’est pour ailleurs

À l’entrée du lycée, je venais de traverser le confinement. Il y a eu une césure. Je me suis baladé, comme souvent, dans le bosquet Saint-Romain. J’y faisais des courses d’orientation au collège. Je le connaissais bien. Donc j’y retourne. Et je vois vers la droite un chemin qui s’arrête devant la route et qui continue derrière. Je suis rentré chez moi et j’ai demandé à mon père ce qu’il y avait derrière. On est arrivé dans un lieu avec des plantes autour de nous qui faisaient des grosses grappes de mauves vert foncé. J’ai décidé que cet endroit j’allais le connaître par cœur. J’y suis retourné presque un jour sur deux. À cette période, l’école c’était un jour sur deux. Un endroit beau, comme je n’en avais jamais vu proche de chez moi. Je croyais que les beaux-endroits c’était pour ailleurs. 
Dans cette forêt que j’ai découverte seul, comme Creil que j’ai parcouru seul, je me suis dit que sans doute en étant vraiment seul, il manquera toujours ceux qui pourraient m’entourer. Et que leur compagnie ne me priverait pas de ma différence.

 Les beaux-endroits c’est pour ailleurs

L'intégralité de la lettre a été enfouie dans une capsule temporelle au Musée Gallé-Juillet de Creil le 14 mai 2023. Elle sera redécouverte 10 ans après, le 14 mai 2033. En partenariat avec La Faïencerie.